Métaphore 2 : La Vérité, je la connais

Les Aveugles et l'Éléphant

Introduction

La vérité, je la connais, je l'ai rencontrée, je l'ai même touchée!

Le conte Derviche

Au-delà de Ghor s'étendait une cité dont tous les habitants étaient aveugles. Un roi arriva en ces lieux, accompagné de sa cour et de toute une armée ; ils établirent un camp dans le désert. Or ce monarque possédait une arme puissante (un éléphant) qu'il lançait dans la bataille pour accroître la terreur de ses ennemis.

La populace brûlait de connaître cette arme nouvelle et certains des membres de cette communauté d'aveugles se précipitèrent en désordre à sa découverte. Comme ils ne connaissaient ni la forme ni même le contour d'un éléphant, ils le tâtèrent à l'aveuglette, recueillant des informations en touchant telle ou telle partie de l'animal. Chacun croyait savoir quelque chose parce qu'il avait pu en sentir une partie.

Les aveugles et l'éléphant

Lorsqu'ils revinrent auprès de leurs concitoyens, ils furent aussitôt entourés de groupes avides, tous étaient anxieux, bien à tort, d'apprendre la vérité de ceux-là mêmes qui étaient dans l'erreur. Ils posèrent des questions sur la forme et l'apparence de l'éléphant et ils écoutèrent tout ce qu'on leur en dit.

On interrogea sur la nature de l'éléphant l'homme dont la main avait atteint une oreille. Et cet homme d'affirmer : " C'est une grande chose rugueuse, aussi large qu'un tapis."

Celui qui avait touché la trompe proclama : " Moi, je sais à quoi m'en tenir. Cela ressemble à un tuyau droit et creux, horrible et destructeur."

"Il est puissant et ferme comme une colonne.", dit à son tour celui qui avait tâté les pattes.

Chacun avait touché une partie du corps de 1'éléphant. Chacun l'avait correctement perçue cette partie. Aucun ne connaissait le tout. Tous imaginaient quelque chose. Et l'image qu'ils s'en faisaient était fausse.

Épilogue

On a beau avoir touché la vérité, ce n'est pas pour cela qu'on la connaît.

Les voies de l'intellect ordinaire ne sont pas la Voie de la science divine.

Variantes

Ce conte derviche écrit au XIIème siècle par Hakim Sanai est plus connu dans la version qu'en a donnée son disciple Rumi :

« L'éléphant dans la maison obscure »

Les deux histoires développent un argument similaire utilisé traditionnellement par les maîtres soufi depuis des siècles. Dans la deuxième version, l'ennemi possède une arme secrète inconnue (l'éléphant) et elle est cachée dans une maison totalement obscure. Les espions s'y infiltrent et, à tâtons, découvre l'arme...

Une autre version...